Nuit entre soeurs [ PV Candice ]

La fenêtre s'ouvrit brusquement ce qui me fit sursauter. La pluie rentrait dans ma chambre, faisant claquer les volets qui s'étaient décrochés à l'extérieur. Quel temps... Je venais juste d'être réveillée, les yeux à demi-clos dans la pénombre, je m'avançais pour fermer les volets et la fenêtre. J'aimais dormir, longtemps, profondément, et quelque chose qui me réveille me mettait de mauvais poil. Je jettai un coup d'oeil rapide jusqu'à mon réveil en plissant les yeux pour apercevoir les nombres. 23h42. La nuit venait juste de commencer et il faisait déjà nuit noir dehors. La nuit était si calme et si paisible que je pouvais regarder par la fenêtre sans jamais m'en lasser. Même si un orage arrivait au loin, et que l'air était de plus en plus électrique, je me sentais rassurée.

Il y avait trois lits dans ma chambre. Un pour moi, proche de la fenêtre, et deux autres légèrement plus loin. Personne ne les occupait pour l'instant, je ne sais pourquoi. J'aurai certainement bientôt des colocataires, et ça me blasai. La solitude était un sentiment divin, et devoir oublier ce sentiment pour laisser place à la vie en groupe... Laissez moi vomir.

Je pris ma guitare qui était tranquillement posé à côté du lit. Ma chambre était un véritable chantier, des fringues sur le sol, quelques bouquins à droite à gauche. Mais le pire, c'est que dans mon " bordel " je m'y retrouvai ! Demandez moi de chercher quelque chose en particulier, en moins de 2 Minutes je le trouve. Enfin, seulement pour mes affaires... Après, quand Candice me prêtait des fringues, je ne me souvenais jamais où j'avais bien pu les ranger... Bon, ses vetêments étaient tellement jolis que j'avais envie de les garder aussi... Mais chut ! Ne lui dîtes rien ! Sinon je vais m'en prendre plein la figure.

La seule personne au monde à réussir à me donner une migraine, à m'énerver, ou encore à me réconforter ou me cajoler, c'est bien Candice. Nos deux caractères forts pouvaient créer des disputes hallucinantes - mais jamais avec de la violence -, ou encore nous faire vivre des moments innoubliables. On était toujours aussi complice, dès qu'on devait faire un choix, même pas la peine de se consulter. Une sorte de lien magique, le lien qu'unissait deux jumelles.

L'une des seules fois où je me suis vraiment disputée avec elle, c'était à cause des garçons. Soit on était intéressée par le même, soit l'une avait un copain qui ne convenait pas à l'autre. Dès que Candice avait un petit ami j'étais jalouse... Pas de ne pas en avoir, je m'en fichais, mais qu'elle ne soit plus pour moi toute seule. Ou alors parce que je n'appréciais pas ses conquêtes ! Il n'est pas assez intelligent, pas assez drôle, pas assez mature... Oui bon, j'étais embêtante, mais c'était pour protéger ma soeur. Et elle ne se gênait pas pour faire de même !

J'agrippais fermement ma guitare en réfléchissant. Je pouvais réveiller tous le dortoir des filles en jouant normalement, mais si je m'étais la sourdine que j'avais fabriqué... C'était une sorte de bout en plastique, qui empêchait le son de trop se répandre. Les violonistes avaient souvent ça, pour éviter de casser les oreilles aux gens... Moi c'était pour jouer à toute heure du jour et de la nuit. J'allumai ma lampe de chevet en chechant dans le tiroir de ma table de chevet un vieux cahier avec des portées, et un crayon pour continuer à écrire ma chanson. Je mis le crayon dans ma bouche, à la vertical, en jouant les premiers accords que j'avais gribouillé sur les pages. C'était le refrain... Manque plus que les complets, et les paroles.

Quelqu'un toqua à la porte. Je levai les sourcils d'un air surpris. Qui à 23h45 tranait dans les couloirs ?! Peut-être les durs à cuire, mais ils ne venaient pas frapper jusqu'à ma porte.

Entrez !dis-je simplement.

Nuit entre soeurs [ PV Candice ] 2q3n49h

- De l’orage… Youhou ! C’est la fête à la grimace !

Bon il faut un peu d’explication je crois. En fait mademoiselle Candice Koll déteste l’orage, pour plusieurs raisons, notamment parce que la pluie mouille, mais aussi parce que le tonnerre ne passe pas vraiment inaperçu et qu’il fait tout le temps sursauter la jeune femme.
La voilà donc qui fait un bond de vingt centimètres dans son lit et qui râle. Bon heureusement pour elle et sa réputation, personne d’autre ne dors avec elle, eh oui, elle est seule pour le moment et cela lui convient vraiment très bien.
Elle s’assit sur le lit et regarda le mur en face d’elle, elle se sentie pleine de nostalgie, son enfance ou elle partageait sa chambre avec Danaëlle, ou elles se disputaient toujours parce que cette dernière ne rangeait rien alors que Candi était une vrai fée du logis et qu’elle ne retrouvait pas ses affaires. Et puis plus tard, quand elles avaient déménagés, elles avaient put avoir chacune leur chambre et de nouveau, Candice rangeait tout et la maintenait en ordre, alors que sa sœur était plus bordélique que jamais. Cela la fit sourire, elle se remémorait tous les bons moments qu’elle avait passés avec elle et essaya d’imaginer tous ceux qu’elles pourraient passer ensemble.
Finalement un coup de tonnerre la fit sortir de sa rêverie. Elle se leva et se dirigea vers la fenêtre qui s’était ouverte, oui sa fenêtre fermait vraiment très mal et à chaque coup de vent elle s’ouvrait, comme pour annoncer la fin du monde, avec une force incroyable et faisait claquer les rideaux. Bon c’était sa troisième année ici, elle avait fini par s’habituer aux manies de la fenêtre et ne sursautait plus quand elle entendait un « Boum » suivit des « clac clac clac » des rideaux. Elle ferma la fenêtre du mieux qu’elle put et tira les rideaux, peut être que le son serait assourdi…on peut toujours rêver.
Alors Candice s’habilla, jeans, converses, T-shirt, sweet, prit ses clés et sortit. Elle commença alors à déambuler dans les couloirs, elle ne savait pas trop quoi faire, mais les idées viendraient bien toutes seules, comme toujours.
Elle sortit une cigarette de son pull et chercha son briquet, rien dans les poches, rien dans les manches, un véritable tour de magie, où était-il allé se fourré ? Énervée, elle rangea sa cigarette et regarda dehors. Le vitrage était bien plus épais dans le couloir, elle n’entendait que peu le son et cela lui plaisait. Elle regardait les éléments se déchaîner au dehors.
Finalement elle commença à s’ennuyer, elle ne savait que faire et elle ne savait pas non plus l’heure. Elle continua à déambuler tel un fantôme dans les couloirs désertés de tous et finit par tomber sur une horloge, que idée de ne pas être retourné dans la chambre n’est-ce pas ? Oui mais Candice à 23h43 n’était pas très dégourdie. Elle aurait préféré dormir et ne pas s’être réveillée à cause de cette fenêtre un peu trop susceptible aux assauts des vents.
Elle prit quelques secondes pour réfléchir puis se dirigea vers une porte, elle ne savait pas si elle serait réveillée, mais elle avait envie de la voir et puis peut être qu’elle arriverait s’endormir avec elle, va savoir.
C’est donc tout naturellement pour elle qu’elle se mit à frapper à une porte, elle eut la surprise d’entendre une invitation à entrer, mais reconnu la voix et se dit que c’était peut être un peu tôt pour Dana. Elle haussa les épaules et abaissa la poignée, elle fut frappée par la clarté de sa chambre, non seulement à cause de la lampe de chevet, mais aussi de la lumière extérieure qui pénétrait par intermittence. Elle regarda sa sœur, assise sur le lit, la guitare à la main et sourit. Elle n’aurait pas cru la trouver entrain de jouer, mais elle était un peu rassurée de ne pas l’avoir réveillée.

-Hello Dana.

Elle s’approcha et s’assit à ses côtés. Elle regarda la partition et hocha la tête devant l’évolution depuis la dernière fois qu’elle l’avait vue.

-Ça t’ennuie si je reste un peu avec toi ?

Elle n’avait pas vraiment envie de dire pourquoi, mais elle imaginait assez bien sa sœur l’avoir deviné, après tout ce n’était pas la première fois qu’elle se réfugiait dans le lit de sa sœur quand le tonnerre grondait. D’ailleurs celui-ci refit surface en tonnant bien fort et la jeune femme se raidit aussi bien comme il faut. Elle choisit l’option de la fuite, elle battit en retraite au fond du lit, le plus loin du bord, s’appuya contre le mur et réquisitionna la couverture.
Oui on peut être une dur à cuire, mais avoir peur de l’orage, et alors ? Elle savait de toute façon qu’à part sa sœur, personne d’autre n’était au courant et que si sa venait à se savoir…ce ne sera jamais le cas, elle connaissait bien trop sa sœur pour ça et elle lui faisait entièrement confiance, en revanche elle attendait la petite moquerie habituelle qui ne lui plaisait jamais, mais bon, c’est la vie on fait avec.