Je ne suis pas là pour te surveiller [Jordy]

Jordan & Alexia

La nuit était tombée depuis longtemps. Sur l'île, il faisait souvent très froid le soir, mais pas ce soir là. Une légère brise soufflait en provenance de l'océan, c'était agréable, et la lune se reflétait dans l'eau. Le bar l'Athénaïs se trouvait juste au bord de la jetée, près du port, et c'était bien le seul endroit de l'île où s'amuser un peu. Un peu, parce qu'à part deux billards, de la musique et de l'alcool, il n'y avait pas grand chose d'autre dans ce bar, hormis quelques pêcheurs et les élèves qui avaient réussi à sortir en douce de la Crypte. L'internat était surveillé, et les premières années ne savaient pas comment déjouer la sécurité, contrairement aux autres qui avaient eu plus de temps pour... apprendre.

Je connaissais les moindres recoins de la résidence, et presque chaque buisson de cette putain d'île ! Je devenais vulgaire quand il s'agissait de parler de cet endroit, qui pourtant était bien le seul où je me sentais chez moi. Je crèverais ici, ou en mission pour "l'organisation", j'en étais certaine. Pire que ça, j'en avais envie. C'était ici chez moi, et ces gens, aussi détestables soient-ils, étaient ce que j'avais de plus proche comme famille.

Jordan, je la considérais presque comme une petite soeur. Une gamine à qui il fallait tout apprendre, bien qu'elle s'en sorte plutôt pas mal, même toute seule. Je voulais lui éviter les ennuis avec les profs et la directrice, mais ce n'était pas vraiment simple parce qu'elle avait toujours le chic pour braver les interdits. Comme un aimant, l'interdit l'attirait. Et quelque part, c'était ce que je préférais chez elle : elle faisait ce qu'elle voulait.

Comme souvent, la directrice m'avait demandé où était Jordan. Comme si moi, je pouvais le savoir ! Comme si c'était mon rôle, de le savoir. Il se trouve que la plupart du temps, effectivement je le savais. Mais de là à le lui dire... non. Si j'avais bien appris une chose importante, ici, c'était que la trahison était le pire des crimes. Et je crois que Jordan avait confiance en moi alors je ne pouvais pas la trahir. Au lieu de ça, à quelques jours seulement de ma troisième mission, départ pour la Russie, je prenais le risque d'aller la chercher à l'Athénaïs, où j'étais presque certaine de la trouver.

Les membres opérationnels avait le droit de sortir de la Crypte comme ils le désiraient. On pouvait même vivre au village, et comme j'étais chef d'équipe, c'était un droit que j'avais sans même le demander à quiconque. Mais je vivais toujours à la Crypte, dans le pavillon des équipes opérationnelles. C'était plus sympa et plus pratique, par bien des côtés, et cela ne m'enlevait quasiment pas de libertés. La preuve, j'étais ici, à l'Athénaïs, sans avoir rien eu besoin de demander à personne. En revanche, Jordan qui n'avait pas fini ses cinq années, n'auraient pas dû être là.

J'ignorais volontairement les quelques autres élèves que je reconnu et qui eux aussi n'auraient pas dû se trouver ici, pour me diriger vers Jordan. Je l'avais remarquée, en pleine partie de billard avec deux gars d'ici, qui vivaient au village et possédaient un bateau de pêche amarré sur les quais. Des mecs plus agés qui devaient en avoir marre de se taper les mochetés du coin, et qui avaient flashés sur Joan. Elle préférait qu'on l'appelle comme ça. Sans aucune gène, j'attrapais une queue de billard et m'approchais de Joan et des deux garçons. Je leur lançais un sourire, charmeur.

Salut Joan, je peux me joindre à vous ?

Joan n’avait pas du tout l’intention de suivre les règles d’Everleight. C’était évident. Mais si il vous faut une preuve...

Assise face à son miroir, la jeune femme se prépare. Une bonne couche de maquillage noir autour des yeux ainsi que du rouge à lèvre qui fait un très joli contraste avec ses cheveux ondulés. Ceci ajouté à la légère touche de poudre à joue qu’elle venait de mettre, elle avait un bon look. Quant aux vêtements, elle avait enfilée un pantalon en cuir noir et un corset de la même couleur. La tenue parfait pour jouer au billard. Joan adore jouer au billard. Alors quand Matthew lui a proposé de sortir dans leur bar préféré, elle n’a pas hésité. Elle regarde à sa montre : onze heures dix. Elle a rendez-vous avec lui dans vingt minutes.
Il ne lui restait plus qu’à sortir... Et bien que se ne soit pas très difficile, c’est une technique plutôt agaçante puisque tout se joue à quelques minutes. Comment faisait-elle ? Eh bien elle utilisait tout simplement une ruse que lui avait donné une fille avec qui elle avait traînée à son arrivée. D’après elle, il y avait une faille dans le roulement des surveillants. Pendant deux minutes il n’y a personne pour surveiller la porte centrale... La faille était là depuis très longtemps et visiblement personne n’avait jugé utile de la réparer, se qui n’était pas pour déplaire à Joan... Non. Le plus dur était de quitter le bâtiment.

Après s’être assurée qu’elle est fin prête, Joan sort discrètement de sa chambre pour se faufiler dans une autre, à quelques mètres sur la droite. Cette chambre est celle d’une fille qui a un don plutôt particulier... Disons qu’elle peut crier très fort et très aigus et, pour quelques billets, elle accepte d’en faire profiter toute la Crypte. Tout le monde avait recourt à ses services au moins une fois par trimestre... C’était devenu tellement fréquent que maintenant les élèves n’y faisaient même plus attention. Les adultes, par contre, étaient obligés de venir à chaque fois. Eh bien oui, imaginez qu’il se passe quelque chose de grave... Donc tous ceux qui sont dans le bâtiment quittent leur postes pour venir voir se qui se passe. Alors oui,c ‘était évident qu’on savait que quelqu’un était sortit, mais il était déjà trop tard pour l’en empêcher...

C’est don le portefeuille allégé de deux billets et d’un paquet de chewing gum que Joan sortit de la chambre pour se cacher au bout du couloir. Elle compte jusqu’à dix, lentement... Et puis le cri retentit, comme promis. Très aigue, elle l’entend même quand elle se bouche les oreilles. Tant pis. Au moins il rameutera du monde. Et effectivement, quelques minutes plus tard, on peut entendre des bruits de pas dans le couloir. Enfin. Un, Deux... Cinq surveillants. Ils sont tous là. Souriant, la jeune fille se met à courir vers la sortie. Quand elle arrive dans la cour, il est onze heures vingt. Elle a une minute de retard... Tant pis. Elle fonce. Elle ne veut pas rater le billard. Courant, elle passe le portail mais ne s’arrête pas pour autant.

Enfin, elle se retrouve sur la route. Là, un garçon l’attends. Matthew. Depuis le jour de leur rencontre, il n’avait jamais cessé d’être là sur cette route avec sa moto, à l’attendre. Toujours.
La belle le prends dans ses bras, lui colle un bisous sur la joue et, une fois qu’il fut lui-même installé, grimpe sur sa moto. Une petite précision sur Matthew : Se n’est pas son petit ami. C’est son meilleur ami. Ils se sont rencontrés quelques jours après l’arrivée de Joan à la Crypte. Elle avait réussi à sortir mais n’avait pas prévue comment aller en ville et elle ne comptait pas y aller à pied. Et puis elle avait vue cette moto... Le garçon c’était arrêté pour la prendre en stop et tout était parti de là. Depuis, il l’attendait toujours.

Arrivée devant le bar, la jeune femme descend et pousse la prote, entrant mains dans la mains avec le garçon, comme toujours. Et, comme à chaque fois, un de ses amis de billard lui met un verre dans les mains. Souriante, elle le pose près de la table de billard, attrape une queue et... la partie peu commencer.

Elle perd une ou deux fois, gagne une autre... Peu importe. Elle s’amuse bien ici. C’est un peu son repère secret, en dehors de la Crypte. Voilà pourquoi elle fut vraiment surprise en voyant Alexia passait la porte. Que faisait-elle ici ? Elle venait la ramener ? ... Non, sûrement pas. Ca ne ressemblait pas à Alexia. Elle pouvait très bien venir juste pour s’amuser. Après tout il y avait d’autre élève ici, alors pourquoi pas elle ? Sa théorie fut confirmé quand la jeune femme attrapa une queue et lui demanda si elle pouvait jouer. Même pas besoins de demander à ses amis, aucun garçon ne refuse une jolie fille à une table de billard.

Je ne suis pas là pour te surveiller [Jordy] 56017377

Oh, Alex. Bien sur, vient. Il nous manque un joueur de toute façon. Mais attention, les paris comment à deux billets.

Petit sourire. Oui elle plaisante. D’abord parce qu’ils ne font pas de paris et ensuite parce qu’elle ne refuserait pas son amie pour une question d’argent. Enfin « amie » c’était un grand mot... Alexia était plutôt son modèle. La fille que Joan aimerait devenir un jour.